Les Récifs coralliens

Il n’est pas facile de parler et de décrire ce qu’est un récif corallien. Si on regarde dans le dictionnaire la définition du récif corallien “Un récif corallien est un édifice construit par des animaux, les coraux qui fabriquent un squelette en calcaire dur”. Et bien c’est exactement ça et nous allons voir comment ces récifs vivent. Allez on vous emmène tout d’abord dans les eaux chaudes là où il y a le plus grand nombre de récifs.

Photo d'un récif corallien coloré avec petits poissons à la Réunion
Récif corallien en mer rouge

Au petit matin après une immersion de quelques mètres en bouteille de plongée, nous nous retrouvons en face d’immenses édifices sous l’eau. Non ce ne sont pas des rochers mais du corail dur, de toutes formes pour la plupart, mais il y a aussi du corail mou. Ces édifices abritent des milliers d’espèces avec des couleurs plus extravagantes les unes que les autres.

Les récifs coralliens appartiennent à la famille des cnidaires, ils se sont construits sur plusieurs milliers d’années, ils peuvent mesurer jusqu’à 2000 kilomètres de long comme la grande barrière de corail aux large des côtes de l’Australie ou le récif des Caraïbes dans la mer des Caraïbes ou encore les récifs d’Hawaï. Les premiers récifs sont apparus il y a 500 millions d’années, ils font parties des plus anciennes formes de vie animale du globe. Alors qu’ils ne représentent que 0,2% des fonds marins, ils sont aussi l’un des biotopes les plus productifs. Ces récifs abritent une biodiversité très importante, les scientifiques estiment que plus d’un million d’espèces et de plantes sont associés à l’écosystème corallien.

Il existe différents types de récifs coralliens. Les récifs frangeants sont des récifs qui bordent les côtes sur plusieurs kilomètres et finissent souvent par un platier récifal. Assez étroit et récent, il se distingue nettement du récif barrière par sa taille plus modeste et l’affleurement de la zone corallienne. Leur largeur est souvent inférieure à 100 mètres. Ce sont le récifs les plus courants et presque le seul en mer rouge.
Les récifs barrières sont séparés de la zone côtière par un lagon (qui peut être large de plusieurs kilomètres) et peuvent atteindre une profondeur de plusieurs dizaines de mètres comme la barrière de corail d’Australie. Il y a aussi le banc corallien un récif qui est construit en pleine mer sur un haut fond et il y a les atolls que l’on peut considérer comme des îles coralliennes.
Un récif corallien peut s’étendre sur plusieurs zones. Prenons le cas du récif corallien de la Réunion. Le récif commence dans le lagon juste après la plage, il est composé de sable et de coraux durs en forme de boule. Il y a ensuite le platier qui s’étend à l’horizontal et qui se décompose en deux parties, le platier interne juste après le lagon qui est composé de coraux branchu dominant et le platier externe qui forme la barrière de corail qui protège le lagon. Le pente externe du récif que l’on appelle aussi la zone frontale s’enfonce, c’est la partie la plus peuplée du récif.

Dessin de la composition d'un récif corallien à la Réunion

Alors oui, maintenant que vous savez ce qu’est un récif corallien, parlons de sa composition. Les récifs peuvent devenir très grands mais seules les parties extérieures sont vivantes, les zones qui se trouvent à l’intérieur sont mortes, elles ont abrités un jour des polypes vivants qui se sont transformés en dômes de pierre à leur mort.

Approchons-nous maintenant de plus près, nos yeux se fixent sur ces animaux minuscules que l’on appelle des polypes. Leur corps mous ressemblent à un volcan ouvert avec au centre la bouche et qui est entourée par 8 tentacules pour attraper leur nourriture, le zooplancton. Chacune est équipée de cellules urticantes appelées des cnidocytes. A l’intérieur de la cavité se trouve l’estomac. C’est par le même chemin que l’animal rejette ses déchets. Chaque polype possède une loge ou calice dans lequel il peut se rétracter.

Il existe deux sortes de coraux, les durs et les mous. Les polypes du corail dur sont des bâtisseurs de récif, il utilisent le carbonate de calcium pour construire des structures solides autour d’eux pour se protéger. Les coraux mous ont une enveloppe plus flexible et viennent souvent s’installer aux côtés des coraux durs.

De nombreuses sortes de coraux, seuls ou en colonie

Sur ce récif il y a toutes sortes de formes et de tailles de coraux dont je reconnais certain par leur forme spécifique. Le corail cerveau a la forme d’une cervelle de mammifère. Le corail corne de cerf est un bâtisseur de récif surtout en eau peu profonde. Il y a aussi le corail champignon, le corail feuille de laitue puis les coraux mous, la gorgone éventail, le corail mou arborescent, le fouet de mer, bref, une multitude d’espèces font de ce récif une explosion de couleurs verte, jaune, orange, violet, marron, il y en a vraiment pour tous les goûts. Précisons tout de même que nous trouvons des coraux dans les eaux froides mais nous en parlerons plus bas.

Photo d'un récif dur bâtisseur à la Réunion
Coraux bâtisseurs « La Réunion »

La zooxanthelle

Toutes ces couleurs qui jaillissent ne pourraient pas être là sans la présence symbiotique d’une algue unicellulaire la zooxanthelle qui vit dans le corps du polype de certaines espèces de coraux. La symbiose est une association entre deux ou plusieurs organismes spécifiquement distincts. Le plus grand des partenaires s’appelle l’hôte et le plus petit le symbiote, c’est le cas du corail avec la zooxanthelle.
Son rôle est très important pour la vie du corail. Tout d’abord cette algue, en forme d’une ellipse, contient plusieurs pigments photosynthétiques (la chlorophylle, la xanthphylle et la carténnoïde) qui permettent de s’adapter aux différentes conditions d’éclairement et d’optimiser leur photosynthèse. Elle contribue aux besoins des polypes en produisant de l’oxygène et des molécules utiles à son métabolisme. Elle permet également d’éliminer certains déchets du corail. En retour le métabolisme du polype produit des déchets qui sont utiles pour la zooxanthelle et il lui assure un lieu sûr pour synthétiser la lumière du soleil dont l’algue a besoin pour vivre.
La symbiose est tellement parfaite que la zooxanthelle qui vit dans une vésicule du corail est transmise via les tissus de la colonie mère lors de la reproduction asexuée. L’algue peut aussi être ingérée en pleine eau par le stade larvaire pour la reproduction sexuée.

Photo de polypes blanc en détail
Polypes

Les coraux, un rôle fondamental dans la vie marine

Les animaux et les plantes ont besoin les uns des autres dans les récifs coralliens pour vivre, Les récifs coralliens ont donc un rôle fondamental pour la vie marine. Ils peuvent vivre en étroite collaboration, c’est le cas du poisson clown qui vit dans l’anémone, du labre, ce poisson nettoyeur qui attend la visite d’une murène en dansant pour se nourrir des parasites gênants fixés sur le corps et la bouche de l’animal. On peut également parler des poissons pilotes qui se fixent sous le corps d’une tortue, d’un requin de récif ou d’un dauphin pour voyager à travers le récif sans dépenser leur énergie à nager. Citons aussi les bénitiers géants qui peuvent atteindre 1,5 mètre de long et qui abritent un compagnon inséparable, la zooxanthelle qui vit sur les extrémités de l’énorme coquille et qui lui fournit des nutriments.
Les récifs servent d’abris à des milliers d’espèces animales et végétales, c’est aussi un garde manger attirant les prédateurs de chaque espèce et un refuge, une nurserie pour les juvéniles. Les coraux bâtisseurs sont suffisamment durs, costauds pour servir de brise-lame lors des tempêtes, d’ouragans ou de cyclones en protégeant l’écosystème entre les récifs et les côtes.

composition d’un récif corallien

Pour permettre à un récif des eaux chaudes de se développer et de s’étendre, il y a besoin de plusieurs choses, de la lumière, une température oscillant entre 23 et 25 °C en moyenne, une salinité comprise entre 33 et 35 ppm et une eau claire car la sédimentation peut limiter la pénétration de la lumière dont le corail et la zooxanthelle ont besoin pour se développer.

Photo d'un récif corallien à la Réunion
Récif corallien à la Réunion

Dans les parties à forts courants vous trouverez des colonies de coraux dites massives, les coraux poussent souvent de la même manière et dans toutes les directions. Dans les zones plus calmes et claires, vous trouverez les coraux branchues qui poussent vers le haut pour capter la lumière sans oublier une myriade d’espèces plus petits comme des barbiers jusqu’au plus grand, les dauphins ou les requins récifs.

Les coraux des eaux froides

Je vous emmène maintenant des les eaux froides, là ou la lumière se cherche dans l’obscurité. Contrairement aux préjugés il existe dans les eaux froides des coraux et même des colonies de coraux, des récifs de haute mer en Atlantique par exemple mais ils sont moins étudiés que les récifs des eaux chaudes, pourtant ils tapissent les profondeurs comprises entre 200 et 1500 mètres. Le plus grand récif corallien d’eau froide mesure 40 km de long sur 3 km de large. Là aussi, comme dans les eaux chaudes vit une grande biodiversité, plus de 1300 espèces ont été répertoriées dans l’océan Atlantique. Là aussi, ces récifs abritent de nombreuses espèces d’animaux qui ne vivent nulle part ailleurs, des espèces endémiques. Vous l’aurez compris, les polypes des coraux des eaux froides n’ont pas de zooxanthelles car ils n’ont pas besoin de lumière pour vivre. Ils se nourrissent exclusivement d’animaux minuscules que l’on appelle zooplancton. Les polypes les attrapent avec leurs tentacules aux aiguillons empoisonnés et les attirent vers leur bouche.

La nuit dans les récifs

La nuit dans les récifs, il se passe bien des choses. Les animaux diurnes trouvent un abris, une cachette dans le récif pour y passer la nuit à l’abri de leurs prédateurs. La nuit, c’est au tour de la vie nocturne de sortir et de trouver de la nourriture. Ces animaux possèdent souvent des sens très développés qui leur permettent de détecter les mouvements, la lumière, le bruit et les substances chimiques que produisent d’autres animaux. La nuit les pieuvres ont une excellente vision, avec leurs tentacules elles chassent dans les trous du récif, elles sondent les crevasses pour y débusquer un animal. Les poissons soldats rouge possèdent de grands yeux et sont à l’affût du moindre mouvement. Il y a aussi le poisson mandarin, la murène et bien d’autres animaux qui animent la vie du récif tout au long de la nuit. Il ne faut pas oublier non plus le corail bâtisseur ou les différentes espèces mènent une guerre impitoyable entres elles en s’injectant des substances chimiques pour faire partir l’adversaire et prendre sa place.

Photo de polypes en gros plan la nuit attendant la nourriture
Polypes la nuit cherchant leur nourriture

Pour les plongeurs, c’est aussi l’occasion de découvrir un monde extraordinaire, vivant et grouillant dans et autour du récif. Munis de leur lampe, ils observent les polypes sortir leurs tentacules de couleurs chatoyantes pour attraper leur nourriture. Il faut savoir que presque tous les coraux sont fluorescents grâce à la zooxanthelle. Je vous renvoie à notre article sur le sujet. Il n’est pas rare qu’un plongeur se fasse pousser un petit peu lorsqu’il est sur le chemin d’un requin de récif qui va déloger une proie.

Les corallivores

Certaines espèces ne se contentent pas de vivre dans le récif mais elles le mangent. C’est le cas du poisson-papillon qui attrape les polypes et leur oeufs dans le dôme du calcaire grâce à sa bouche en forme de tube. Le poisson perroquet creuse le corail avec sa bouche en forme de bec et le broie pour en extraire les polypes et la zooxanthelle. Il recrache le calcaire du corail sous forme de sable blanc. L’étoile de mer couronne d’épines “Acanthaster planci “ est l’une des plus grande prédatrice de corail, elle est couverte d’épines et possède de 10 à 20 bras dont chacun a une multitude de petits pieds qui lui permettent de se cramponner sur le corail pour sortir son estomac et libérer des sucs digestif (des enzymes) sur les polypes qui se liquéfient. Il ne reste plus pour l’animal qu’à déguster le contenu des chairs dissoutes de ses proies tout en laissant intactes les structures calcaires.

Photo d'un récif corallien avec une tortue
Les tortues se nourrissent du corail

Les récifs en grand danger

Les récifs coralliens sont des écosystèmes fragiles et menacés par l’homme. Les pollutions, des déchets humains et les produits chimiques tuent le corail. Il n’est pas rare encore et malheureusement de voir des canalisations s’évacuer en mer. Des eaux ménagères et industrielles font blanchir le corail. Les polypes meurent quand le corail n’a plus de zooxanthelle mais leur structure calcaire reste, se décolore pour devenir blanc, c’est pour cela que l’on parle de blanchiment du corail.

Il y a aussi l’aménagement excessif des littoraux. Près des côtes, on construit des bâtiments. Lors des travaux des parcelles de terre se détachent et se répandent dans la mer. L’eau devient trouble et empêche la lumière du soleil de parvenir aux zooxanthelles qui meurent. Il y a aussi la pêche et plus exactement les modes de pêche. Les bombes artisanales (canettes remplies de dynamite) qui explosent et tuent aveuglément en réduisant en miette le corail. Il y a aussi le cyanure très toxique. Le tourisme de masse engendre des pressions supplémentaires sur ces écosystèmes avec les pollutions, les constructions et les déchets. Il y a aussi le réchauffement climatique, l’excès de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère qui entraîne une élévation de la température des mers et provoque la mort des polypes et le blanchiment du corail.

Préserver cet écosystème fragile

Alors y a t-il des solutions pour préserver les coraux ? Et bien oui, on ne peut rien faire pour les coraux déjà morts mais des récifs artificiels ont été créés pour remplacer les récifs naturels détruits. Précisons aussi que les épaves sous-marines en acier sont de formidables récifs artificiels qu’il faut préserver le plus longtemps possible car elles ont permis à de multiples espèces de s’y installer et de s’y développer, formant un nouvel écosystème souvent à des endroits où la vie n’aurait pas pu se fixer.
Mais recréer un récif ne suffit pas, il faut arrêter les pollutions qui tuent toutes les espèces. La nature est formidable, dès que l’on arrête de faire pression sur elle, elle se répare, se reconstruit et se développe à nouveau. Un récif respecté et en bonne santé permet à la population locale de se nourrir, de se soigner.
Alors arrêtons de polluer et de créer des déséquilibres qui mettent fortement en péril la survie des récifs. Il en va de la vie humaine puisque les récifs alimentent une grande partie des populations mais il en va aussi et en premier de la vie de milliers d’espèces marines qui sont dépendantes des récifs coralliens.

Photo d'un récif corallien avec petits poissons
Un récif corallien est l’un des écosystèmes des plus productif sur la terre

Quelques conseils

Protéger et préserver c’est accepter quelques contraintes, de faire attention, de regarder et d’observer sans toucher, sans jeter, sans polluer, sans chasser, sans pêcher. Protéger et préserver c’est respecter le rythme de la vie. Protéger et préserver c’est créer des réserves, des parcs, des sanctuaires marins et limiter leur accès pour ainsi permettre à nos récifs de retrouver la magnificence de ces écosystèmes très particuliers qui offre une vie luxuriante et riche d’une biodiversité sans commune mesure.

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