Du Méthane dans les fonds marins, une bombe à retardement

Qu’est-ce que le méthane ?

Le méthane est un gaz naturel présent  sur la terre. Il a été découvert en 1776 par Alessandro VOLTA. Sa formule chimique se note CH4 (un atome de carbone et quatre atomes d’hydrogène). Il est produit par des organismes vivants (animaux et végétaux…) sous l’effet de la fermentation et de la digestion. L’homme en produit une grande quantité avec l’agriculture et l’élevage. Ce gaz est inodore et incolore, il représente 90 % du gaz naturel. Rappelons que le gaz est la troisième ressource énergétique mondiale après le pétrole et le charbon. C’est actuellement le seul hydrocarbure qui puisse être obtenu par un procédé naturel, biologique. Il est naturellement présent dans les fonds marins, dans certains talus continentaux ainsi que dans le pergélisol des régions polaires.

A priori, on pourrait donc penser que ce gaz est la clé de secours pour réduire les effets de serre de notre unique planète. Biologique, produit par un procédé naturel, il représente 90% du gaz naturel, il a de nombreux atouts pour nous échapper du pétrole ou du charbon. Malheureusement, ce gaz a aussi de très gros inconvénients, il est très instable et doit être transporter à des températures négatives très basses car il est hautement inflammable en présence d’oxygène ou d’autres oxydants. Sa combustion produit du dioxyde de carbone (CO2) et de la vapeur d’eau (H2O), deux gaz responsables de l’effet de serre.

Photo de l'hydrate de méthane
Bloc d’hydrate de gaz (clathrate) trouvé lors d’une expédition scientifique dans la zone de subduction située au large de l’Oregon, à une profondeur d’environ 1 200 mètres.
© Wusel007 / Wikimedia Commons – Licence : CC BY-SA

Aujourd’hui, le dioxyde de carbone représente 80 % du réchauffement climatique, mais le méthane est 28 fois plus puissant que le CO2 pour les effets de serre pour des quantités équivalentes sur un horizon de 100 ans, une bombe a retardement. D’après un bilan complet des émissions de méthane publié par le Global Carbon Project, depuis 2014, la concentration de méthane dans l’atmosphère a nettement augmentée, ce phénomène a été confirmé en 2015. Notons que la concentration de méthane est aujourd’hui deux fois et demie plus forte qu’avant la révolution industrielle.

Les sources d’émission de méthane

D’après Marielle SAUNOIS, enseignante-chercheuse en physique-chimie de l’atmosphère au LSCE, qui a participé à cette étude, les sources sont variées et plus nombreuses que les sources de CO2. Il y a les sources d’origine naturelle qui représente 40% des émissions de méthane et les sources anthropique directement liées aux activités humaines qui représentent 60%. Parmi les sources naturelles, les zones humides, les marais, les mangroves. Il existe aussi des sources géologiques avec des phénomènes de dégazage naturel qui libèrent le méthane fossile piégé dans le sous-sol.

Arrêtons-nous un instant sur le pergélisol ou le permafrost (en anglais), arctique. Sous l’arctique, dans le Nord de  l’Alaska ou en Sibérie, il existe de très grandes quantités de méthane. Ce gaz est piégé dans les clathrates (structure glacée qui renferme le méthane) qui est stable dans des conditions de température et de pression donnée. Avec le réchauffement climatique, les glaces fondent vite, très vite selon le rapport annuel 2015 sur l’état du climat rédigé par quelques 450 scientifiques. En dégelant, ces étendues glacées pourraient libérer de grandes quantités de méthane, faisant ainsi augmenter la température terrestre de plusieurs degrés.

Il faut préciser que le permafrost contient des restes de plantes et d’animaux très anciens ayant vécu il y a plusieurs milliers d’années. Si ces restes, ces os, ces fossiles et ces débris dégèlent en quantité suffisante, ils fermenteront et libéreront le carbone et le méthane dans l’atmosphère ou feront réapparaître des maladies éradiquées comme le craint l’International Permafrost Association.

Photos de la fonte de méthane en Norvège
Fonte de permafrost à Svalbard en Norvège.
© Jeff Vanuga/Getty Images

Pourtant l’arctique intéresse nombre de pays pour ses ressources en pétrole estimées à 13% et en gaz à 30% des réserves mondial. En 2015, Le Président OBAMA a donné son accord au géant Shell pour forer au large de l’Alaska tout en prônant haut et fort la défense de l’environnement. Les huit pays membres du conseil de l’Arctique veulent eux tous profiter des réserves de pétrole et de gaz (Canada, Finlande, Russie, États-Unis/Alaska, Norvège, Suède, Danemark/Groenland, Islande). Mais exploiter l’arctique avec tant de réserves de méthane en dessous, c’est avoir une vue bien courte sur l’avenir de notre planète. En effet, les conséquences seront dramatiques,  irréversibles et bien plus coûteuses que leurs investissements. De plus la fonte de la glace ouvre de nouvelles routes maritimes entre l’océan Atlantique et le Pacifique, accélérant en plus le phénomène. Le scientifique Peter WADHAMS, spécialiste de l’océan polaire à  l’université de Cambridge affirme qu’à ce rythme, l’ensemble de la banquise pourrait disparaître d’ici à 2040. Il y a une incertitude concernant la vitesse du dégel du permafrost. Tout ce que les scientifiques peuvent dire, c’est que le réchauffement du pergélisol au changement climatique à l’horizon 2100 sera comprise entre 1 et 12 °C. Si l’augmentation des températures est de 1°C, les effets seront modestes mais si elle est de 12 °C, ce sera la catastrophe indique Florent DOMINÉ, directeur de recherche au CNRS et professeur à l’université de Laval (Québec) dans un reportage du National Geographic.

Quelles sont les conséquences ?

Le Pergélisol occupe 15 à 20 millions de kilomètres carrés, il est donc très difficile, voir impossible, d’intervenir directement. Les premières conséquences visibles sont des bouleversements géologiques. la fonte de la glace sous la surface provoque des affaissements du terrain où se forment des lacs et des marécages qui favorisent la fermentation des matières organiques. Les sols deviennent instables. On observe des écroulements du sol, créant des cratères géants. Des villes construites sur ces sols gelés sont aujourd’hui menacées de s’effondrer ou de s’enfoncer dans le sol . Il y a également des glissements de terrains qui menacent les habitations et les infrastructures (routes, voies de chemin de fer…). Les côtes s’érodent, des îles habitées peuvent être englouties avec entre autre pour conséquence des réfugiés climatiques.

Photo d'un cratère dans le sol gelé
Un cratère formé dans la péninsule de Iamal, en Sibérie (Russie), le 9 novembre 2014.
©VLADIMIR PUSHKAREV / REUTERS

Le dégel croissant transforme également de grands espaces forestiers, les arbres déstabilisés par un sol devenu mou finissent par s’abattre et disparaître. Des bactéries anciennes pourraient revenir à la surface avec le dégel du permafrost.

Côté scientifiques, tous ne sont pas d’accord sur les diverses théories de ce dégel du permafrost, sur sa vitesse de dégel et sur le niveau d’augmentation de la température de la planète, certains travaillant pour des organismes minimisant la situation réelle pour un profit de courte durée, d’autres travaillant pour la collectivité ou des ONG. En revanche, tous s’accordent à dire que le réchauffement climatique est bien activé et que l’exploration de l’Arctique met en danger la planète avec une accélération du réchauffement climatique qui deviendra incontrôlable.

La solution

La solution aujourd’hui est de ralentir fortement les émissions de CO2 en diminuant considérablement notre consommation à outrance et en changeant notre mode de vie. Si chacun d’entre-nous participe à la construction d’une société humaine qui respecte les limites écologiques de la planète pour une société durable et équitable à tous les niveaux, alors seulement, nous avons une chance pour nos enfants.

Nous sommes à la croisée de notre chemin, nous humains,  nous avons des choix à faire, des choix individuels et collectifs  qui engendrerons des conséquences pour nos enfants et le devenir de notre humanité. Nous devons massivement nous mobiliser pour pousser nos dirigeants à stopper dès maintenant ce suicide collectif par la productivité et la consommation démesurée car nous avons encore, pour une courte durée, la possibilité d’intervenir pour stabiliser le réchauffement climatique et sauver nos générations futures.

C’est à nous tous d’agir dès maintenant !


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