La Méditerranée plastique

Depuis la formation de la Méditerranée actuelle, les eaux froides de l’Atlantique par Gibraltar et les eaux chaudes de la Mer Rouge ont permis la naissance et l’adaptation de nombreuses espèces marines en Méditerranée. Ce patrimoine environnemental extraordinaire et sa biodiversité luxuriante sont aujourd’hui en grand danger et de nombreuses espèces menacent de disparaître. La raison principale est l’activité humaine, sa méconnaissance du milieu marin et son inconscience collective.

Les acteurs de l’ère industrielle n’ont cessé d’inventer et de produire sans ce soucier de la planète ni de ses mers et océans qui sont à l’origine de la vie. Il y a plus d’une centaine d’années, les premiers plastiques sont apparus et il se sont répandus dans tous les secteurs d’activités. Au cours des décennies qui ont suivies, les industriels n’ont cessé de créer de nouveaux plastiques. Composés synthétiques, les plastiques sont dérivés principalement du pétrole et d’autres matériaux fossiles. Leur longévité en a fait un produit phare sur toute la planète, et c’est cette longévité ainsi que la nature des composants qui est aujourd’hui à l’origine de la plus grande pollution sur toute la biosphère. Il y en a partout sous l’eau, dans les grands fonds, sur les plages, coincé sur des rochers, la Méditerranée est véritablement devenu une mer poubelle, une mer de plastiques qui menacent très fortement les espèces marines.

Photo ancienne d'une usine au début vers le 19è siècle
L’ère industrielle

Les plastiques non biodégradables tuent

Les plastiques non biodégradables blessent, étouffent et tuent les animaux marins. La tortue par exemple ingère du plastique et s’étouffe avec, elle meurt dans de terribles souffrances. Bouteilles, lignes de pêche et filets abandonnées, sacs ou objets divers en plastiques sont autant de pièges pour la faune marine qui se coince, qui se blesse, qui se mutile et qui meurt. Plus de 90% des dommages causés à la faune et à la flore marine sont dus aux plastiques. Il faut ajouter à cela un tourisme de masse en expansion, 200 millions de touristes chaque année bordent la Méditerranée et représentent 40% de pollution marine supplémentaire durant l’été. Pour couronner le tout, une forte expansion de l’habitat Méditerranéen avec une bétonisation des côtes devenue presque systématique, au mépris de toutes les recommandations pour la protection et la biodiversité des espaces côtiers.

Photo de Plastiques-sur-plage-montage

Chaque année en Europe, sur les 27 millions de tonnes de déchets plastiques produits, seul un tiers est recyclé, le reste finit à la décharge. La France, grand consommateur de plastiques ne recycle que 22%. Les plastiques se décomposent dans l’eau et forment des micro-plastiques et même des nano-plastiques; les scientifiques en ont retrouvés dans le plancton. En entrant dans la chaîne alimentaire, les plastiques menacent toutes les espèces y compris l’espèce humaine. Si rien n’est fait d’ici 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons en Méditerranée.

Les pays Méditerranéens, grands utilisateurs de plastiques

Quelques chiffres, selon le rapport WWF de 2019 : 80% des plastiques proviennent de l’intérieur des terres, 20% proviennent de l’activité marine. 344 espèces ont été retrouvées piégées en Méditerranée, les principales victimes sont les oiseaux (35%), les poissons (27%), les invertébrés (20%), les mammifères marins (13%) et les tortues marines. Notons que 65% des animaux pris au piège en Méditerranée le sont à cause des lignes de pêche.

Les pays qui déversent le plus de plastiques dans la mer Méditerranée sont la Turquie avec avec 144 tonnes de plastiques par jour, l’Espagne arrive en deuxième position avec 126 tonnes, l’Italie avec 90 tonnes puis l’Égypte avec 77 tonnes et enfin la France avec 66 tonnes de plastiques par jour. Cette mer semi-fermée concentre 1,25 millions de fragments par km2 soit une concentration quatre fois plus élevée que dans “l’île plastiques” du Pacifique Nord. Ces quelques lignes montrent bien l’urgence de la situation et la nécessité absolue de prendre des décisions maintenant pour sauver la Méditerranée et plus largement nos mers et nos océans. Ce constat, les scientifiques l’ont établi depuis déjà bien longtemps, malheureusement, les politiques n’ont pas pris la mesure et la gravité de la situation. Aujourd’hui, il ne nous reste qu’une petite dizaine d’années pour prendre les bonnes mesures et pouvoir stabiliser puis inverser la situation. Rappelons-nous que :

  • Un mégot de cigarette peut mettre 5 ans à se dégrader selon le milieu où il se trouve, s’il est jeté en rivière ou en mer, il peut polluer 500 litres d’eau.
  • Un sac plastique peut mettre plus de 400 ans à se dégrader selon le milieu où il se trouve.
  • Les autres plastiques (polystyrènes et autre matières synthétiques) peuvent mettre entre 100 et 1000 ans à se dégrader selon le milieu où ils se trouvent.
  • Un gobelet en plastique peut mettre 500 ans à se dégrader selon le milieu où il se trouve.
  • Une ligne de pêche abandonnée a une durée de vie de 600 ans dans le milieu marin.

Précisons que les plastiques en se dégradant se retrouvent en une multitude de micro-particules dans notre environnement marin ainsi que dans l’eau du robinet et en bouteille. En mars dernier, des chercheurs américains ont retrouvé des minuscules particules de polypropylène, de nylon et de polytéréphtalate d’éthylène (PET) dans 93% des plus de 250 bouteilles d’eau analysées. l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié le 22 août dernier un rapport sur le sujet.

Le changement doit venir du consommateur

Ne nous y trompons pas, c’est l’action du consommateur qui poussera les industriels et les politiques à prendre les bonnes décisions. A nous donc citoyennes et citoyens à changer nos comportements et nos habitudes.

Photo montage produit de la ferme

Quelques propositions simples et efficaces

  • L’idéal pour notre planète entière est de ne plus acheter des plastiques et d’arrêter d’en consommer .
  • Choisissez des produits à base de matériaux biodégradables ou recyclés plutôt que des plastiques : du fil dentaire plutôt que du nylon, des éponges en cellulose, des assiettes, des verres et des tasses en verre ou en céramique, des bouteilles en verre, des gourdes plutôt que des petites bouteilles plastiques, des serviettes en coton…
  • Les aliments bio avec un emballage plastique sont une hérésie, préférez le vrac en utilisant vos boîtes en verre réutilisables.
  • Évitez tous les produits plastiques à usage unique : verres, assiettes, couverts, nappes, cotons tiges, rasoirs….
  • Regarder les ingrédients des cosmétiques, beaucoup contiennent des micro-plastiques comme du polyéthylène, du polypropylène ou du polychlorure de vinyle, ce sont tous des formes de plastiques.
  • Achetez le plus possible vos aliments frais en local et bio (producteurs, marchés locaux, magasins bio).
  • La viande des supermarchés (sauf les boucheries) emballées dans des barquettes plastifiées est souvent élevée avec des hormones, des antibiotiques et on peut même trouver maintenant, avec les traités de libres échanges, des viandes lavées à l’eau de javel. L’animal doit pouvoir grandir au moins 18 mois avant d’être consommé, dans les Amériques, il grandit en 6 mois. Dans chaque région de France, il y a de la bonne viande, préférez une viande saine, bien élevée avec un éleveur local, savoir ce que l’on mange est essentiel. De cette façon, nous protégeons nos éleveurs, nos animaux et notre environnement.
  • Si vous êtes un peu perdu dans vos courses, l’application indépendante Yuka vous renseignement en un clin d’œil sur la composition et la qualité des produits que vous achetez.
  • Triez et recyclez le plus possible vos déchets.
  • Demandez à votre mairie un composteur pour votre jardin ou votre appartement car vous pouvez aussi faire un compost d’appartement sans odeur.

ET NE JETEZ PLUS RIEN (Mégots, cannettes, plastiques en tous genres…), NI DANS LES RUES, ROUTES ET AUTOROUTES, NI DANS LES EAUX CAR VOS DÉCHETS FINIRONT INÉVITABLEMENT DANS LA MER. UTILISEZ LES POUBELLES, LES CENDRIERS ET VOS POCHES ET S’IL VOUS PLAÎT, RAMASSEZ.

Nous pouvons tous faire quelques chose à notre niveau pour redonner vie à la Méditerranée pour les générations futures et plus largement à nos rivières, nos fleuves, nos mers et nos océans.

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3 réflexions sur “La Méditerranée plastique”

  1. C’est bien de sensibiliser de manière concrète et Dans un environnement qui nous est proche. Je pense que de plus en plus la conscience individuelle rejoint l’approche collective et que ce n’est pas aux autres de faire l’effort mais. Chacun de s’y impliquer
    Bravo pour ce que vous faites

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