Que dire des gobies ? Ce petit poisson de la famille des Gobiidae aurait environ 2000 espèces, chiffre incertain tellement il est difficile de tous les connaître. Ce qui est sûr c’est que dans le livre d’identification de la faune sous-marine de 1982, Il y avait déjà 600 espèces connues dont 4 genres et 33 espèces qui vivent en Méditerranée.
Vous l’aurez compris, parler d’une espèce plutôt qu’une autre serait injuste alors nous allons dans cet article vous raconter l’histoire des gobies dans sa généralité.
Ces petits poissons vivent majoritairement sur le fond dans les dix premiers mètres en dessous de la surface, seuls quelques espèces peuvent descendre jusqu’à des profondeurs de 30 à 50 mètres comme le gobie de Steven (gobius gasteveni), le gobie à bouche rouge (gobius cruentatus) ou encore le gobie rayé (gobius vittatus).
Ils s’adaptent à leur environnement, vous pourrez les observer sur les zones côtières, dans les eaux saumâtres, sur le sable, dans la roche, au fond d’éboulis sur la zone de ressac, dans les récifs coralliens, dans les herbiers et les prairies, les marais salants, dans les mangroves mais aussi depuis quelques années en eau douce dans les cours inférieurs des fleuves, les rivières, en somme vous les trouverez un peu partout.
Ce petit animal a un corps allongé facilement reconnaissable ce qui lui permet de se déplacer dans des endroits restreints et de se faufiler dans des crevasses étroites. Il mesure entre 6 et 20 cm pour les plus grands qui ne sont pas majoritaires. Seules quelques espèces comme le gobie noir peuvent atteindre cette dimension, les autres mesurent majoritairement entre 7 et 13 cm.
Pour la couleur, il y en a pour tous les goûts, vous croiserez des gobies transparents, bruns, roussâtres, clairs, foncés, tachetés, noirs, à rayures, de couleurs vives. Selon l’endroit où vous vous trouvez, vous découvrirez de nouvelles espèces. Ces couleurs et ces motifs leurs serviraient de camouflage.
Signe particulier pour les gobies, la bouche avec ses grosses lèvres qui nous rappellent les lèvres du mérou et ses grands yeux ronds le plus souvent près du sommet de la tête. Il faut dire que les gobies ont une bonne vue, ils peuvent repérer leur proie et leur prédateur de loin et certaines espèces de crevettes du genre Alpheus ne s’y trompent pas puisqu’elles vivent en symbiose avec l’animal. Le premier assure la sécurité de la crevette en l’effleurant pour l’avertir d’un danger et la deuxième en retour assure l’entretien du trou ou de l’abri des deux compères. D’autres espèces de gobies comme le gobie neon assurent la station de nettoyage pour certains poissons comme le mérou, qui évitera de le dévorer pour qu’il accomplisse sa tache.
Les gobies sont de très mauvais nageurs car ils ne possèdent pas de vessie natatoire, ils se déplacent sur le fond de façon saccadée avec leur queue et avec l’aide de leurs nageoires pectorales, il ne font que quelques mètres à la fois puis se fixent sur leur nageoire ventrale qui forme une légère ventouse. Ces glissades successives les distinguent des blennies (Blenniidae), espèce souvent confondue, qui avancent en ondulant. Un autre moyen infaillible de les distinguer, les gobies ont une nageoire dorsale nettement divisée en deux parties, une plus courte généralement près de la tête et la deuxième plus grande, alors que les blennies ont une seule dorsale.
Ils sont mauvais nageurs mais ils s’adaptent parfaitement à leur environnement en s’enfouissant dans le sol jusqu’au yeux en agitant rapidement leur queue et leur nageoires pectorales, c’est ainsi qu’ils creusent des abris pour se cacher et observer leurs proies.
Les gobies se nourrissent de petits invertébrés et de matières végétales. Certains vivant dans le sable se sont adaptés et ont développés des techniques de succion pour capturer les petites proies dans le sable. Les gobies mangent aussi les œufs de poissons des autres espèces.
Tout au long de leur vie qui dure quelques années selon les espèces, ils doivent s’adapter en évitant leurs nombreux prédateurs, poissons et gros poissons, crustacés et céphalopodes. Pour cela ils ont développé une rapidité à se réfugier dans leurs abris ou dans les crevasses et les terriers.
Les gobies se reproduisent plusieurs fois dans l’année, les œufs sont attachés sur un support, le mâle protège sa progéniture durant plusieurs jours avant l’éclosion des larves qui à leur naissance se nourrissent d’abord de plancton dans le courant. Elles doivent trouver un abri pour se développer et survivre.
De l’eau salée à l’eau douce
Certaines espèces de gobies sont capables passer de l’eau de mer à l’eau douce. Le gobie à tache noire (Néogobius mélanostomus), le gobie de Kessler (Néogobius kessleri) en sont un bel exemple. Ces poissons sont passés du bassin ponto-caspien, soit l’ensemble des fleuves se jetant dans les mers Caspienne, d’Azov et Noire, par les ballasts des navires remontant le Danube puis les canaux jusqu’au Rhin. Ils ont été identifiés en 2011 dans la Moselle et la Meuse qui sont interconnectées via des canaux avec la Marne, puis la Seine, puis la Saône puis le Rhône…. On peut également trouver le gobie tacheté et le gobie buhotte dans les estuaires des grands et petits fleuves de l’ouest et du sud de la France.
Ces espèces originaires des pays de l’Est envahissent progressivement le territoire français et ses cours d’eau. Les agents de l’Office de la Biodiversité française disent que l’expansion du gobie dépend de la bonne santé naturelle des cours d’eau. Les gobies se développent plus facilement dans les eaux troubles que dans les eaux claires.
Ces espèces dans leur ensemble ne sont pas des poissons menacés, ce sont des espèces très répandues, peut-être un peu trop dans certains endroits. En dévorant les frayes des autres poissons ils peuvent menacer l’équilibre des écosystèmes et en gardant nos cours d’eau propre, nous pouvons limiter leur expansion.